Démantèlement de détecteurs de fumée ioniques : où en est-on ?

Publié le 24 Février 2022

À base d’éléments radioactifs, les détenteurs des 7 millions de détecteurs à chambre d’ionisation ont eu dix ans pour les démanteler. Une tâche hautement technique » qui, sous peine d’un an d’emprisonnement et 15 000 euros d’amende, réclame d’être confiée à un opérateur spécialisé.

Selon l’arrêté du 18 novembre 2011, les détenteurs de détecteurs de fumée à chambre d’ionisation (DFCI) avaient jusqu’au 4 décembre pour démanteler leurs installations. Cette disposition concerne uniquement les entreprises et les bâtiments publics – l’usage de ce type de détecteurs ayant par ailleurs été interdit dans l’habitat privé dès 1966. Il y a une dizaine d’années, on évaluait à 7 millions le nombre de DFCI installés dans 300 000 sites en France. Comme on peut s’y attendre, on est loin du compte. Mais là n’est pas la question. Outre l’obligation réglementaire et les aspects purement pratiques, leur retrait soulève surtout un problème environnemental. S’il est nécessaire d’agir vite, pas question de faire n’importe quoi.

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José Perez est directeur technique et qualité chez Chubb Fire & Security France. © Chubb Fire & Security France

Radioactifs mais fiables

En règle générale, les DFCI embarquent une quantité infinitésimale d’américium 241 (plus rarement de radium 226), une source radioactive de faible activité. Étanche, l’architecture de ces détecteurs est censée empêcher toute fuite contaminante. S’il n’est pas endommagé, ce type de matériel ne présente donc aucun danger sanitaire pour les personnes fréquentant les locaux qui en sont équipés. Écoles, universités, maisons de retraite, hôpitaux, administrations, hôtels, usines, entrepôts… ces détecteurs ont été largement installés en raison même de leur fiabilité. « En effet, ils agissent un peu à la façon du nez chez l’homme et permettent d’obtenir un signal précoce, alors même qu’il n’y a pas encore de fumée visible ou de flammes, remarque José Perez, directeur technique et qualité chez Chubb Fire & Security France. Ainsi détectent-ils dans l’air les infimes particules et les gaz de combustion qui commencent à répandre autour d’eux une légère odeur de brûlé, signe avant-coureur d’un départ de feu. » Au fil du temps, les fabricants ont élaboré des technologies à détecteurs optiques capables de répondre aux exigences de la réglementation sur la sécurité incendie, tout en éliminant le risque radioactif.

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Les particules d’américium 241 des détecteurs ioniques ont une période de contamination physique de 432 ans. CC AlexBewineglass

Un calendrier de démantèlement sur 10 ans

Conformément aux préconisations de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), l’arrêté du 18 novembre 2011 impose aux établissements détenteurs tout d’abord de recenser les DFCI installés. Puis de transmettre ce recensement à un « déposeur » (installateur ou mainteneur de système de détection incendie ou plus généralement l’entreprise en charge de la dépose) au plus tard le 31 décembre 2014. À leur tour, ces derniers ont l’obligation de la retransmettre à l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). Les établissements concernés disposaient d’un délai de six ans pour réaliser le démantèlement, voire de 4 années supplémentaires. Soit jusqu’en décembre 2021, s’ils étaient en mesure d’établir sur 10 ans un calendrier de retrait. Bien sûr, « le détenteur est seul pénalement responsable du démantèlement de ses DFCI via leur prise en charge par une filière d’élimination autorisée, reprend José Perez. De son côté, l’entreprise en charge de la dépose, obligatoirement autorisée ou déclarée auprès de l’ASN, se doit de protéger ses techniciens et les occupants des locaux, avec toutes les précautions d’usage pendant toute la phase de travaux et de transport des DFCI vers les filières de reconditionnement compétentes. »

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Le démantèlement de détecteurs ioniques est une opération hautement technique. © Chubb Fire & Security France

Un démantèlement dûment encadré

Actuellement, de nombreux établissements sont toujours concernés par cette obligation, dont les coûts de dépose peuvent varier de quelques centaines à quelques milliers d’euros en fonction du nombre de DFCI. « Rappelons qu’il est formellement interdit de manipuler soi-même des DFCI sans agrément. Quiconque interviendrait sans posséder une autorisation de l’ASN pour la gestion des sources radioactives risquerait une peine d’un an d’emprisonnement et 15 000 euros d’amende, avertit José Perez. Au vu du risque potentiel, ces appareils doivent faire l’objet de précautions spéciales pour être démontés et transportés. » Ainsi les opérateurs sont-ils tenus de porter des gants de protection et de respecter les consignes de dépose, stockage et transport. Par ailleurs, ils doivent emballer chaque détecteur dans un sac en plastique fermé. Pas question, évidemment, de laisser traîner ses DFCI sans surveillance, de les jeter à la poubelle ou au feu, ou encore de les abandonner dans la nature. Les particules d’américium 241 ont une période de contamination physique de 432 ans. Pas étonnant qu’ils doivent être traités dans les filières de reconditionnement spécialisées.

Erick Haehnsen

Rédigé par UNSA CHUBB FRANCE - Chubb Fire & Security API Group

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