Les annonces d’Emmanuel Macron en 8 questions
Publié le 12 Décembre 2018
1. Un salarié au smic verra-t-il ses revenus augmenter de 100 euros par mois ?
C’EST PLUS COMPLIQUÉ
« Le salaire d’un travailleur au smic augmentera de 100 euros par mois dès 2019 sans qu’il en coûte un euro de plus pour l’employeur », a affirmé Emmanuel Macron, lundi 10 décembre. Derrière cette formule simple se cachent en fait des situations variables. Le chiffre de 100 euros englobe deux mesures différentes, explique une source gouvernementale au Monde :
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la baisse des cotisations salariales en 2018, qui représente un peu plus de 20 euros par mois pour un salarié au smic à temps plein ;
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la hausse du montant maximal de la prime d’activité de 80 euros net. Cette aide devait initialement augmenter quatre fois de 20 euros, de 2018 à 2021. Elle devrait finalement augmenter d’environ 60 euros au début de 2019 après une première hausse de 20 euros en octobre 2018.
Tout le monde ne gagnera pas « 100 euros par mois »
Selon la même source, le calcul d’Emmanuel Macron ne tenait pas compte de la revalorisation légale du smic de 1,8 % au 1er janvier 2018 (soit environ 20 euros net de plus). Ce qui fait que, dans le meilleur des cas, un salarié au smic pourrait prétendre à un revenu mensuel net d’environ 1 430 euros en 2019 en comptant la prime d’activité, contre 1 307 euros à la fin de décembre 2017.
Attention, en revanche : si la baisse des cotisations salariales concerne tous les salariés, la prime d’activité est versée sous conditions de revenus, et c’est l’ensemble du foyer qui est pris en compte. Ainsi, un salarié au smic peut ne pas pouvoir prétendre à la prime d’activité à cause des revenus de son conjoint.
De même, le chiffre de « 80 euros » d’augmentation de la prime d’activité correspond à un montant maximal théorique. Mais celui-là peut être moindre selon la situation réelle des salariés. Il faudra en réalité attendre de connaître les détails des règles de calcul retenues par le gouvernement pour estimer réellement qui gagnera combien en janvier 2019.
Parmi les pistes évoquées revient également l’idée d’intégrer la prime d’activité à un futur « revenu universel d’activité » souhaité par Emmanuel Macron, dont les contours restent à déterminer. C’est probablement ce qu’évoquait le premier ministre, Edouard Philippe, à l’Assemblée nationale mardi 11 décembre, lorsqu’il a affirmé vouloir verser la prime d’activité à un plus large public que celui actuellement concerné.
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2. Les salariés qui gagnent un peu plus que le smic en bénéficieront-ils aussi ?
OUI
Les salariés qui ont des revenus légèrement supérieurs au smic sont, pour la plupart, concernés par la prime d’activité. Les plafonds de revenus pour obtenir cette aide sont actuellement d’environ :
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1 500 euros net pour une personne seule, soit près de 1,3 smic ;
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2 200 euros pour un couple sans enfant où un seul membre travaille, ainsi que pour un parent isolé avec un enfant, soit près de 1,9 smic ;
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2 900 euros pour un couple de deux enfants dont les deux membres travaillent, soit un peu moins de 2,5 smic.
La prime d’activité n’augmentera pas de 80 euros pour tout le monde
La hausse de la prime d’activité devrait concerner au moins 2,66 millions de foyers, qui représentent 5,43 millions de Français, soit le nombre d’allocataires en juin 2018. Et elle pourrait en toucher davantage, puisque tous les ménages qui peuvent y prétendre ne la demandent pas pour l’heure, mais cette proportion a sensiblement augmenté depuis 2016. Cela représente une population plus importante que les seuls salariés au smic, qui étaient 1,98 million au début de 2018.
Attention, en revanche, la hausse de la prime d’activité ne sera pas de 80 euros pour tout le monde, et la règle actuelle de calcul fait qu’elle diminue avec les revenus. A situation identique par ailleurs, un salarié à 1,2 smic touche une prime plus faible qu’un salarié au smic. Là encore, il faudra attendre le détail du futur calcul de la prime d’activité pour bien en mesurer les conséquences pour chacun.
3. Et les salariés à temps partiel ?
OUI
Les salariés à temps partiel seront aussi concernés par la hausse de la prime d’activité. Son mode de calcul, complexe, est basé sur un montant forfaitaire théorique, qui peut être augmenté selon la situation du foyer, mais diminue en fonction des ressources totales de celui-ci.
Augmenter la prime d’activité est plus favorable aux salariés à temps partiel que la hausse du smic